Alors que le système de santé français est souvent présenté comme l’un des meilleurs au monde, une réalité bien plus préoccupante frappe une part croissante de la population : les déserts médicaux. Ce phénomène, qui désigne les zones géographiques manquant cruellement de professionnels de santé, touche aujourd’hui des millions de Français. Mais à quel point la situation est-elle grave ? Et quelles sont les pistes envisagées pour y remédier ?
Un accès aux soins de plus en plus inégal
En 2025, près de 8 millions de Français vivent dans une zone sous-dotée en médecins généralistes, selon la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques). Cela représente environ 12 % de la population, un chiffre en hausse constante depuis plusieurs années.
Dans certains territoires, comme la Creuse, le Cher, ou encore certaines zones périurbaines d’Île-de-France, l’accès à un médecin généraliste est devenu un vrai parcours du combattant. On observe également un recul préoccupant du nombre de spécialistes : 22 % des départements n’ont plus d’ophtalmologue en secteur 1, et certains patients attendent plus de 6 mois pour un rendez-vous en dermatologie ou gynécologie.
Quelques chiffres clés en 2025 :
1 médecin pour 1 500 habitants dans certaines zones rurales (contre 1 pour 800 en moyenne nationale)
Délai moyen pour un rendez-vous en médecine générale : 9,5 jours
30 % des médecins généralistes ont plus de 60 ans, et leur remplacement est de plus en plus difficile
En 2024, 2/3 des internes en médecine ont déclaré préférer s’installer en ville ou dans des zones déjà bien pourvues
Pourquoi une telle pénurie ?
Le problème n’est pas tant le nombre de médecins formés (même si le numerus clausus a longtemps été un frein), mais leur répartition géographique. Les jeunes médecins privilégient les zones attractives : facilité d’installation, offre de soins déjà structurée, proximité d’un hôpital, cadre de vie...
S’ajoutent à cela :
Le vieillissement de la population, qui accroît les besoins médicaux
La charge administrative qui décourage les jeunes généralistes
Le désintérêt croissant pour l’exercice en libéral, souvent synonyme d’isolement et de longues heures de travail
Quelles solutions envisagées ?
Plusieurs mesures ont été proposées ou mises en œuvre, sans résoudre complètement le problème :
Création de maisons de santé pluriprofessionnelles : on en compte désormais plus de 2 000 en France
Incitations financières pour les médecins s’installant dans les zones sous-dotées
Développement de la télémédecine, qui reste toutefois inadaptée pour certains diagnostics
Réforme des études de santé, pour mieux orienter les jeunes vers les territoires prioritaires
Et maintenant ?
Les déserts médicaux sont le symptôme d’un déséquilibre structurel profond du système de santé. Pour y remédier, il faudra sans doute aller plus loin : revoir la carte de l’offre de soins, mieux accompagner les installations en zones rurales, et surtout redonner envie aux jeunes médecins d’y construire leur avenir professionnel.
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