La question de la répartition des médecins sur le territoire est plus que jamais d’actualité. Alors que certaines zones rurales et périurbaines peinent à recruter un généraliste, d'autres territoires concentrent un grand nombre de praticiens. Pour remédier à cette inégalité d’accès aux soins, les pouvoirs publics renforcent depuis quelques années la régulation de l’installation des médecins. Mais de quoi parle-t-on concrètement ? Et quelles sont les pistes envisagées ?
Pourquoi une régulation est-elle nécessaire ?
La maldistribution médicale est un phénomène bien connu :
Certaines zones, souvent rurales ou isolées, sont devenues de véritables déserts médicaux, malgré une population parfois vieillissante ou à besoins élevés.
À l’inverse, certaines grandes agglomérations ou régions déjà bien dotées continuent d’attirer les jeunes praticiens.
Résultat : des délais d’attente démesurés pour consulter un généraliste ou un spécialiste, et une surcharge de travail pour les soignants déjà installés dans les zones tendues.
Quelles sont les formes actuelles de régulation ?
Le conventionnement sélectif (déjà en vigueur pour certaines professions paramédicales comme les infirmiers) commence à faire débat pour les médecins. Il pourrait consister à limiter l’installation dans les zones déjà bien pourvues, sauf remplacement ou départ à la retraite.
Les aides à l’installation :
Contrats incitatifs, exonérations fiscales, primes à l’installation… les dispositifs sont nombreux pour attirer les médecins vers les zones prioritaires.
Ces aides peuvent atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros, mais peinent parfois à convaincre sans cadre de travail adapté (logement, école, structure de soins…).
Les maisons de santé pluriprofessionnelles :
Regroupant plusieurs professionnels de santé, elles permettent un exercice coordonné et souvent plus attractif pour les jeunes médecins.
Leur développement est encouragé par l’État, notamment dans les zones sous-dotées.
Les débats en cours
La régulation à l’installation des médecins reste un sujet sensible. Beaucoup de syndicats médicaux y voient une atteinte à la liberté d’installation, principe fondamental de l’exercice libéral en France. Cependant, face à l’urgence d’accès aux soins dans certaines zones, les discours évoluent.
D'autres voix proposent des solutions alternatives :
Obligation de stage ou de premiers remplacements en zones sous-dotées pendant les études.
Création d’un service public territorial de santé, coordonnant l’offre libérale et hospitalière.
Valorisation financière du travail en zone rurale ou dans des contextes complexes (soins à domicile, précarité…).
Conclusion
Réguler l’installation des médecins ne vise pas à punir ou contraindre, mais à réduire les inégalités territoriales en santé. C’est un chantier complexe, qui doit allier incitation, coordination et transformation de l’exercice médical. À l’heure où l’accès aux soins devient un enjeu démocratique majeur, il est crucial de repenser l’organisation territoriale de la médecine pour répondre aux besoins réels de la population.
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