C’était en 2007, un rapport du Sénat décrivait les urgences françaises comme le “miroir grossissant des dysfonctionnements de l’ensemble du système de santé”.
Plus de dix ans plus tard, force est de constater que les hôpitaux sont toujours malades. Et tout le monde s’accorde même à le souligner, les services d’urgence bien sûr, où les grèves se multiplient un peu partout en France, mais aussi les médecins urgentistes, les infirmiers, les aides-soignants et les politiques.
Ces derniers se succèdent et tentent d’éteindre l’incendie en multipliant les plans de sauvetage (Réforme de 2003, Plan hôpital 2007, Loi Hôpital Patients Santé Territoires de 2009, Plan hôpital 2012…) mais rien ou presque ne semble permettre de relever la tête.
10 millions de passage en 1996, 21 millions en 2016 !
Il faut dire que le malade est gravement touché. Déjà, en 2016, les urgences débordaient. Selon un rapport publié par le ministère de la Santé, près de 21 millions de passages avaient ainsi été recensés dans les 719 structures publiques ou privées d’urgence.
À titre de comparaison, en 1996, le nombre de passages aux urgences s'établissait à 10,1 millions. Il est évident que cette croissance ne peut que pousser à une souffrance au travail pour le personnel médical tandis que les soins sont de moins en moins qualifiés pour les malades.
Sans oublier la tension pour les uns et les autres qui tourne parfois aux faits divers.
Dans ce cadre, la pédagogie auprès du grand public en lui expliquant qu’il ne doit aller aux urgences que pour les vraies urgences vitales, ne suffira pas à calmer la grogne.
Le manque de moyens humains et financiers est directement pointé du doigt par les syndicats.
Buzyn promet des mesures, les syndicats pas satisfaits
Pour leur répondre, et tenter de stopper le mouvement de grève démarré mi-mars à Paris et étendu depuis à 80 services en France, selon l'Inter-Urgences, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a promis une “stratégie d'ensemble” pour refonder le secteur.
Mme Buzyn a annoncé avoir confié une mission au Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH) et au député (LREM) Thomas Mesnier pour “adapter nos urgences aux nouveaux besoins”. Celle-ci devra aboutir à un rapport à l'automne, à l'issue d'une concertation incluant médecins et paramédicaux.
En attendant, le plan Santé 2022 annoncé par Emmanuel Macron en septembre 2018 (54 mesures visant à transformer en profondeur le système de santé français) se met doucement en place avec notamment 500 à 600 “hôpitaux de proximité” qui devraient voir le jour à l’horizon 2022, quelque 4000 assistants médicaux qui viendront suppléer les médecins, la télémédecine qui sera progressivement développé et la fin fin du numerus clausus qui devrait permettre de former 20% de médecins en plus d’ici 10 ans.
Autant de mesures trop lointaines pour les grévistes qui s’attendent encore à souffrir cet été, période toujours cruciale pour les urgences. Pour eux, la crise est immédiate. Et il y a vraiment urgence.
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