Surcharge de travail, patients exigeants voire agressifs, épuisement émotionnel, lourdeurs administratives… les soignants souffrent. Et même un peu plus que les autres.
Dans le Carnet de santé Odoxa-MNH pour Le Figaro santé, France Info et Le Quotidien du médecin publié en décembre dernier, 35% des professionnels de santé interrogés assuraient avoir été affectés par un problème de santé (hors maladie chronique) dans les deux derniers mois, contre 21% des Français.
Parmi les professionnels de la santé les plus touchés, on retrouve les aides-soignants et les infirmiers.
30% des diplômés abandonnent la profession dans les 5 ans
Dépression, perte de sens, burnout... face à cette "souffrance infirmière", quatre syndicats ont d’ailleurs lancé au mois de mai un observatoire à destination de leur profession pour quantifier un malaise maintes fois dénoncé et tenter d'y remédier.
Il faut dire que le mal est profond avec des stats qui font froid dans le dos. 20% des infirmières partent en retraite avec un taux d’invalidité, et une espérance de vie inférieure de 7 ans (78 ans au lieu de 85 ans pour une femme), 30% des jeunes diplômés abandonnent la profession dans les 5 ans qui suivent le diplôme.
Pire encore, "depuis juillet 2016, 12 professionnels infirmiers se sont donnés la mort, soit sur leur lieu de travail, soit en laissant une lettre explicite" sur leur souffrance au travail, assurent les syndicats.
Cet observatoire de la souffrance au travail repose sur "un système de formulaire, de suivi et de statistiques", expliquent ses fondateurs, qui représentent les infirmières libérales (Convergence infirmière), hospitalières (SNPI) et scolaires (Snics, Snies).
Ecoute et aides pour les démarches
Le professionnel infirmier en souffrance qui effectue une déclaration en ligne sur le site alerte ainsi sur une situation qui va être traitée syndicalement, sur ses causes d’organisation du travail (intervention auprès de l’ARS, d’une direction d’établissement...).
Le professionnel infirmier en souffrance peut faire le choix de demander à être appelé par un syndicaliste formé à cet effet, qui va d’une part répondre à son besoin d’écoute, avec des questions ouvertes et d’autre part l’aider et le conseiller pour ses démarches. Si un soutien psychologique est nécessaire, il sera guidé vers une plate-forme spécialisée.
Au final un observatoire primordial pour tenter de trouver des solutions face à une pénibilité avérée propre à ce métier (travail de nuit, en horaires alternés, auprès de malades, etc...), à laquelle s'ajoutent un manque d'effectifs dans de nombreux hôpitaux.
Fin 2017, l'organisation Action praticiens hôpital (APH), qui regroupe une dizaine de syndicats de médecins, dentistes ou encore pharmaciens, avait elle aussi lancé son observatoire de la souffrance au travail.
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