Tout a commencé par une tribune publiée en mars 2018 dans le journal “Le Figaro”. L'homéopathie ? L'acupuncture ? Du "charlatanisme", selon les signataires de cette tribune véhémente contre les "fake médecines".
Parmi les quelques centaines de signataires, 124 médecins se sont ensuite groupés en un collectif pour dénoncer "des soins sans aucun fondement scientifique” qui sont pourtant “tolérées par l'ordre des médecins et pourtant en désaccord avec son propre Code de déontologie”.
Le débat était lancé. Et pas prêt de s’arrêter. Car le collectif “Fakemed” a ensuite été convié, le 2 avril dernier, pour être auditionné par la commission transparence, à la suite d’une saisine de la HAS (Haute autorité de santé) par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, en août 2018.
L’objet de la saisine était de recueillir l’avis de la commission de la transparence (CT) sur le bien-fondé des conditions de prise en charge et du remboursement des médicaments homéopathiques.
72% des Français "croient en ses bienfaits"
Après l’avis du collectif “Fakemed”, restait à savoir si la décision politique allait suivre leur avis scientifique. Or, dès le jeudi 16 mai, avant même une décision finale, les Laboratoires Boiron indiquaient que la HAS s’était prononcée pour le déremboursement des petites granules, l’industriel suspendant son cours de Bourse et mettant en cause la “fuite” de cet avis provisoire qui devait rester confidentielle.
Vent de panique sur l’homéopathie ! Car outre le marché gigantesque qu’il représente (Boiron, leader mondial de la fabrication de médicaments homéopathiques, affirme que le déremboursement menacerait 1 300 emplois sur ses 2 500 en France), cette “médecine” est aussi largement plébiscitée par les Français. Ainsi, une large majorité, 72% d’entre eux, "croient en ses bienfaits", selon un sondage Odoxa publié en janvier dernier. Le débat fait donc rage.
Aux arguments que leur efficacité n’est pas prouvée, les pro-homéopathie mettent en avant la "colère" des patients mais aussi que son administration est minime. L'an dernier, le remboursement de l'homéopathie a représenté 126,8 millions d'euros sur un total d'environ 20 milliards pour l'ensemble des médicaments remboursés, selon l'Assurance maladie.
Une pétition “Mon homéo, mon choix”
Début avril, ces pro-homéopathie (associations de médecins, patients et bien sûr les trois principaux laboratoires Boiron, Lehning et Weleda) ont même lancé la campagne "Mon homéo, mon choix", avec une pétition qui revendiquait, au 21 juin, plus d’un million de signatures (1 098 708).
Leurs arguments sont légion faisant notamment valoir que trois Français sur quatre ont déjà pris de l’homéopathie, que cette liberté de choix est affirmée par la Charte européenne des droits des patients, qu’en cas de déremboursement, il y aurait un transfert vers des médicaments plus coûteux pour la collectivité ou encore que 78% des sages-femmes libérales prescrivent régulièrement de l’homéopathie à leurs patients.
Réponse le vendredi 28 juin
Quels que soient les arguments des uns et des autres, la réponse est désormais imminente. La Haute autorité de santé publiera en effet son avis définitif ce 28 juin et il reviendra ensuite au gouvernement de trancher cette question très polémique.
La commission de la transparence de l'organisme public devait auparavant auditionner les trois laboratoires concernés (Boiron, Lehning et Weleda) pour entendre leurs arguments.
Elle adoptera ensuite son avis le 26 juin, avant de le rendre public le 28, selon le calendrier communiqué par la HAS. Le résultat risque de faire grand bruit. Même si une possible porte de sortie médine serait de couper la poire en deux en baissant le taux de remboursement, de 30 à 15%. Mais pas sûr que cela satisfasse les uns comme les autres.
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