C’est un des débats les plus discutés de ces dernières années. Comme les salles de shoot ont leurs partisans et opposants, l’utilisation du cannabis thérapeutique divise le monde politique ainsi que le milieu médical. Pour les uns, le cannabis est un faux médicament, mais une vraie drogue !
Son administration sous forme de “joints” ou de “pétards” est même plus cancérigène (goudrons) et plus producteurs d’oxyde de carbone que le tabac.
Pour les autres, ce stupéfiant peut être utile pour les professionnels de la santé lorsqu’ils souhaitent aider leurs patients à lutter contre la douleur notamment. La morphine est par exemple utilisée en médecine en France, et personne ne le remet en question.
Uniquement pour des patients en "impasse thérapeutique”
Autant d’arguments que l'Agence du médicament a enregistré avant de demander à un groupe de 13 experts (présidé par le psychiatre et pharmacologue Nicolas Authier), fin 2018, de travailler sur ce délicat sujet. Principal enjeu : disposer de leurs avis mais aussi d’une qualité des données recueillies suffisante pour, à moyen terme, juger de la pertinence ou non d'une légalisation du cannabis à visée médicale.
Six mois plus tard, c’est désormais officiel : l’ANSM a donné, ce jeudi 11 juillet, son feu vert à une expérimentation du cannabis thérapeutique en France selon le cadre proposé par ce groupe d'experts. Pour ce test "en situation réelle", le cannabis thérapeutique pourra donc être prescrit, mais uniquement chez des patients définis comme en "impasse thérapeutique".
Concrètement, des personnes souffrant de certaines formes d'épilepsies résistantes aux traitements, de douleurs neuropathiques non soulagées par d'autres thérapies, d'effets secondaires des chimiothérapies ou encore pour les soins palliatifs.
Pas de joint sur ordonnance !
Il est donc clair que ce cannabis n’est bien toléré que pour aider les malades à moins souffrir. Pas question de proposer des "joints sur ordonnance" ou de se rapprocher de ce que l’on définit comme le cannabis récréatif.
Les produits prescrits seront d’ailleurs inhalés (huile, fleurs séchées) ou ingérées (solutions buvables, gouttes et capsules d'huile). Pour la mise en oeuvre de cette pratique, les médecins participant à l'expérimentation seront volontaires et vont suivre une formation.
Le chemin reste encore donc assez long pour la mise en place. Le ministère de la Santé devra notamment modifier au préalable le Code de la santé publique, qui réglemente la possession et la commercialisation de substances stupéfiantes.
De son côté, l’Académie de médecine a mis en en garde contre les risques de dépendance, d'ingestion accidentelle par les enfants, d'infarctus et de cancer du poumon liés à l'usage du cannabis.
Déjà légalisé dans 21 pays en Europe
La France n’est pas le premier à franchir ce cap du cannabis à usage médical, déjà légalisé dans de très nombreux pays.
Le précurseur fut le Canada, en 2001, où les patients atteints de certaines maladies lourdes ou incurables, comme le sida et le cancer, peuvent recevoir des permis pour fumer de la marijuana. Le pays est d’ailleurs allé plus loin, en octobre 2018, en étant le premier pays du G7 à légaliser le cannabis récréatif.
Aux États-Unis, 33 États autorisent le cannabis médical, également autorisé en Amérique latine, au Chili, en Colombie, en Argentine, au Mexique, au Pérou ou encore en Uruguay. Enfin, le cannabis médical a pris une grande ampleur dans le paysage européen où 21 pays de l’Union sur 28 l’autorisent, à différents niveaux.
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