Le cancer du poumon est souvent celui le plus redouté. Mais avec 71 000 nouveaux cas estimés chaque année en France, c’est bien le cancer de la prostate qui constitue le cancer le plus fréquent chez l'homme, devant le cancer du poumon (27 500 cas) et le cancer colorectal (21 500 cas).
En Europe, cette maladie affecte environ 400 000 hommes et cause 92 000 décès par an.
L'âge médian du diagnostic est de 74 ans, et 44% des cancers de la prostate sont diagnostiqués après 75 ans. Aujourd’hui, pour diagnostiquer ce cancer, c’est la biopsie qui reste la méthode la plus fiable. Ainsi, chaque année, environ 100 000 hommes passent cet examen qui consiste à prélever un fragment de la prostate avec une aiguille pour l'analyser au microscope. Une opération assez contraignante qui peut en outre entraîner quelques complications, comme une infection. En outre, au final, cette biopsie ne se révèle positive que dans 45% des cas.
Une diagnostic urinaire non invasif sans biopsie inutile
Une équipe de chercheurs du CNRS et de l’Institut Curie a peut-être trouvé la solution pour éviter ces biopsies : un simple test urinaire. Testé sur un premier groupe de patients, il s’agit de nouveaux marqueurs moléculaires pouvant être décelés dans les urines.
La biopsie restera nécessaire pour déterminer la gravité de la tumeur et les traitements associés mais ce nouveau procédé pourrait permettre d’effectuer un premier tri des patients.
“Aujourd’hui, on enlève de moins en moins la prostate mais on n’a pas de test fiable pour surveiller la tumeur, explique Antonin Morillon, directeur de Recherche au CNRS et à l’Institut Curie.
Ce test urinaire permettra de faire cette surveillance de manière simple et régulière, ce qui est un vrai gain pour le patient.”
Concrètement, le docteur Antonin Mourillon, à la tête de l’équipe ARN non-codant, épigénétique et fluidité du génome, propose donc de valider un ensemble unique de nouveaux biomarqueurs “cachés” circulant, pour mettre au point un test de diagnostic urinaire non invasif, rapide et robuste appelé “Prostator” et dédié à la détection précoce du cancer de la prostate sans biopsie inutile.
Un financement européen pour finaliser le procédé
“Prostator” est une véritable bonne nouvelle pour le secteur médical et des millions de patients potentiels.
Encore faut-il passer la phase de test. Pour cela, l’équipe française vient de recevoir un financement européen précieux et prestigieux (un ERC Proof of Concept), dans le but de finaliser sa mise au point. Grâce à la bourse ERC, Antonin Morillon et son équipe vont pouvoir travailler pendant 18 mois sur ce test pour valider son utilisation sur 1000 hommes.
Le “Prostator” disponible d’ici 5 à 10 ans ?
“L'obtention de cette ERC POC est avant tout pour moi une fierté et un honneur, car, au-delà de l'aide financière nécessaire, c'est une véritable reconnaissance dans le travail de toute mon équipe, s’est félicité le chercheur dans un communiqué de l’Institut Curie.
Il récompense les efforts de transfert de notre expertise de recherche fondamentale vers des applications cliniques. C'est véritablement le point de départ pour valoriser nos travaux et envisager à court terme la création d'une start-up.
La confiance que l’Europe met dans notre projet est un encouragement à poursuivre cette démarche”.
Et on souhaite évidemment que ce travail aboutisse. Car une fois l’autorisation obtenu, tous les hommes en ayant besoin pourraient bénéficier du “Prostator” d’ici 5 à 10 ans.
Les patients pourront ainsi se rendre chez leur urologue pour faire un prélèvement d’urines rapide et économique pour les systèmes de santé et, en quelques jours, savoir s’ils souffrent ou non de la maladie.
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