La question est très souvent posée dans le milieu médical : quelle attitude adopter face à une personne qui souffre ?
Si quasiment tout le monde s’accorde à admettre qu’un comportement empathique dirigé vers une personne qui souffre réduirait sa douleur, des chercheurs effectuent régulièrement des investigations pour mieux comprendre les aspects psychologiques de cet effet.
Dans un but précis : tenter de les extrapoler dans la pratique médicale comme un moyen non-pharmacologique pour réduire la douleur, laquelle n’est bien sûr pas ressentie de la même façon selon les personnes. Ce qui est certain en revanche, c’est qu’à moins d’être un animal à sang froid, tout le monde dispose de cette empathie.
Et ce, dès les premières semaines de la vie. Face à la détresse d’un nourrisson, un autre nourrisson va ainsi généralement y répondre par ses propres cris de détresse.
La reconnaissance de la souffrance peut diminuer la douleur
Cette empathie, cette capacité de s'identifier à autrui dans ce qu'il ressent, est une qualité souvent essentielle dans le milieu médical. Que l’on soit médecin, infirmier, radiologue ou aide soignant, les patients accompagnés ou soignés sont en effet souvent dans un état physique douloureux et de stress émotionnel.
Mais peut-on pour autant affirmer que cette empathie, cette compassion irait jusqu’à réduire la perception de sensation douloureuse chez un patient ? Des scientifiques de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) du Centre de recherche en neurosciences de Lyon ont réalisé une étude sur ce sujet et sont affirmatifs.
“La reconnaissance de la souffrance, l'empathie peut diminuer la douleur", explique ainsi Camille Fauchon, chercheuse au sein de l’équipe d’intégration centrale de la douleur chez l’Homme du Centre de recherche en neurosciences de Lyon.
Un future étude sur le sens des pleurs des nourrissons
Pour passer de cette constatation empirique à une évaluation scientifique du phénomène, l’équipe de l’Inserm a tout d'abord cherché à confirmer ce constat comportemental en se servant de comédiens professionnels.
Résultat de cette première expérience : les phrases empathiques diminuent la douleur ressentie d'environ 12%. "C'est tout à fait significatif : certains médicaments ne font pas mieux", précise Camille Fauchon dans le communiqué de l’Inserm. Une fois la réalité du phénomène attestée, les chercheurs ont voulu comprendre par quels mécanismes cérébraux agissent les commentaires des soignants.
Cette fois, les sujets ont été installés dans une IRM, soumis au même stimulus douloureux et confrontés au même type de commentaires compatissants, neutres, non-empathiques. Résultat : c'est par l'activité des réseaux "supérieurs", en particulier le cortex cingulaire postérieur et le precuneus, que les commentaires empathiques ont modulée lors de l'expérience. "Cela confirme qu'en modifiant le contexte par une attitude empathique, on modifie la perception douloureuse via le recrutement de réseaux cérébraux de haut niveau”, a conclu Camille Fauchon.
Fort de ces travaux publiés dans la revue Scientific reports, la spécialiste a d'ores et déjà lancé un nouveau projet à NeuroPain : il s'agira de chercher à savoir comment les adultes décryptent les pleurs des nourrissons. Savent-ils faire la différence entre des pleurs douloureux et ceux dus à un simple stress ? Des questions auxquelles de nombreux parents aimeraient avoir des réponses.
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