Fatigue, insomnie, mauvaise digestion, manque d'appétit, stress, problèmes de concentration… pas de doute c’est le burnout. Considéré comme un phénomène d’apparition récente, le burnout ou syndrome d'épuisement professionnel remonte pourtant à la nuit des temps.
On peut ainsi considérer que le prophète Elie, qui s’épuisait à prêcher dans le désert, était soumis à un état de fatigue que l’on pourrait aujourd’hui qualifier de burnout. Mais c’est le psychiatre français Claude Veil, dans un article médical publié en juin 1959, qui fut le premier à introduire ce concept d’épuisement professionnel dans l’histoire de la médecine.
En charge d’une consultation de psychiatrie au travail, il décrivait “des cas déconcertants qui n’entraient pas dans la nosographie classique”. La paternité du terme même de burnout professionnel revient elle à Herbert Freudenberger, psychanalyste allemand établi à New York.
Ce dernier définit “un épuisement des ressources internes de l’individu et la diminution de son énergie, de sa vitalité, résultant d’un effort soutenu déployé pour atteindre un but irréalisable, le plus souvent en raison d’une situation de travail et plus particulièrement dans les professions d’aide.”
Les professions de la santé en première ligne
De fait, ce sont effectivement les professions liées à la santé qui ont été les premières à être impactées par le burnout. Tout simplement car ce sont des personnes le plus souvent confrontées à des situations émotionnelles très dures.
Avec une charge de travail en outre de plus en plus importante et des flux tendus par manque de personnel, nombre d’infirmiers, médecins, assistants sociaux… sont victimes de burnout.
Avec ces professions médicales, d’autres semblent aussi plus exposées à ce phénomène, de récentes études ayant classifié les professions les plus à risques ainsi : conducteur de transport en commun, agent immobilier, travailleur social, ouvrier, employé dans les services à la personne.
Une maladie toujours pas officiellement reconnue par l’OMS
Au total, quelque 3,2 millions de personnes seraient ainsi exposées au burnout en France. Or, s’il est aujourd’hui reconnu de tous comme un terme générique désignant un état de fatigue émotionnel, mental et physique, il reste malgré tout une sorte d’objet médical non identifié, mal défini et aux causes multiples.
Si multiples qu’il a eu bien du mal à être reconnu comme une maladie professionnelle. Pour preuve, ce lundi 27 mai, alors que l'OMS, à l’occasion de sa 72e Assemblée à Genève, a annoncé inclure le burnout dans son classement international des maladies, l'Organisation Mondiale de la Santé a fait marche arrière dès le lendemain.Un porte-parole de l'institution a ainsi précisé "que le burnout" n'était pas encore "considéré" comme une maladie mais dans la classification précédente sous le chapitre "Facteurs influençant l'état de santé".
Trois symptômes à repérer au plus vite
Même si cette inscription à l’OMS est une petite avancée, pour toute entreprise, il convient donc d’agir en amont et en faveur du bien-être de ses salariés. Ce qui permettra d’éviter notamment les cas d’absentéisme mais aussi de présentéisme (être présent au travail, mais absent d’esprit).
Il faut donc repérer au plus vite les prémices du burnout. Lequel est souvent défini par les trois symptômes qui sont un état d’épuisement émotionnel, mais aussi physique, et mental, une déshumanisation ou du cynisme, une dévalorisation massive de ses compétences.
Un rôle préventif essentiel
A la moindre alerte, il convient aux cadres dirigeants, notamment dans le secteur médical, de repenser les exigences du travail (la quantité, les horaires, les remplacements), les exigences émotionnelles ou encore le manque de soutien social et de reconnaissance au travail.
Et même si l’on sait que le poids de l’environnement extra-professionnel intervient aussi dans le burnout, la prévention, la mise au repos et le remplacement rapide de personnes susceptibles d’être touchées par le burnout peuvent permettre aux entreprises de diminuer leur coût et éviter des arrêts de travail de très longue durée avec de grandes difficultés de retour à une activité. Le rôle préventif du milieu de travail est donc essentiel.
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