Les cartes bancaires et Vitales ont beau faire la quasi-totalité des transactions, les pharmacies sont de plus en plus souvent la cible des cambrioleurs qui espèrent vider le tiroir-caisse. Sans compter le fléau des vols à l’étalage pour des crèmes et autres produits de parapharmacie.
Et sans oublier des faits malheureusement récurrents de violence. Injures, menaces, et mêmes agressions physiques… on a tendance à oublier que le métier de pharmacien est un métier à risque.
Afin de les mesurer pour mieux les analyser et les appréhender, l’Ordre des pharmaciens a mis en place, depuis le 1er avril 2017, un système de déclaration en ligne. Il permet d’alléger les procédures et de mettre à jour la réalité des conditions d’exercice dans les pharmacies.
Une augmentation de 58% en 2018 !
A partir des déclarations de vol et d'agression sur le site www.ordre.pharmacien.fr, l’Ordre des pharmaciens analyse et rend public tous les chiffres.
Qui sont malheureusement en forte augmentation. Les déclarations d’actes d’incivilité et de violence à l’encontre des pharmaciens et des membres de leur équipe officinale ont ainsi augmenté en 2018 de + 58% par rapport à 2017, avec 336 déclarations contre 212 l’année précédente.
En 2017, 25% des faits rapportés étaient des cambriolages, 25% des vols et 50% des injures, menaces, ou agressions physiques. Pour ces derniers cas, un simple refus du pharmacien de délivrer un médicament sans ordonnance, alors qu’il en faudrait une, met souvent le feu aux poudres. En outre, l’Ordre note que dans pas moins de 51% des agressions déclarées, l’agresseur est connu de l’équipe officinale.
Jusqu’à trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende
Cette forte augmentation démontre bien les risques liés à ce métier même si la mise en place du système de déclaration en ligne a sans doute également poussé certains professionnels à faire une déclaration qu’il n’aurait pas effectuée auparavant.
Il n’empêche, l’Ordre espère que cet élan de déclaration va s’accentuer encore, afin d’affiner sa connaissance du phénomène et pouvoir prendre les mesures adéquates. Alain Marcillac, membre du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens et référent national de sécurité le souligne clairement sur le site de l’Ordre : “Il est très important que les pharmaciens déclarent les agressions qu’ils subissent afin que l’Ordre ait une connaissance au plus proche de la réalité.
Nous pourrons ainsi mieux réagir face à ce climat de violence qui touche nos professionnels de santé de premier recours. Je tiens à saluer l'implication de l'ensemble des conseillers ordinaux, notamment en régions, qui portent assistance à leurs confrères victimes d'agressions. La solidarité est essentielle entre les pharmaciens.”
Une “fiche réflexe” en cas d’agression
Outre la solidarité, la répression est aussi primordiale. L’Ordre a ainsi la possibilité de se porter partie civile lors de l’agression d’un pharmacien, conformément à l’article L4233-1 du code de la santé publique. Et tout agresseur risque trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
Enfin, l’Ordre donne aussi sur son site des conseils, une “fiche réflexe en cas d’agression” permettant au pharmacien agressé de comprendre les démarches à effectuer et de le soutenir dans cette épreuve.
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